Agroécologie au Bénin

Des défis a relever pour son adoption massive

Au Bénin, différentes études consacrées à l’agroécologie montrent que dans toutes les régions du pays existent des producteurs qui ont opté pour ce modèle d’agriculture. Cette option que font de plus en plus de producteurs au détriment de l’agriculture conventionnelle présentée comme la panacée pour accroître les rendements et la productivité des différentes cultures peut être aisément compris si on comprend le lien qui existe entre l’agroécologie et les pratiques agricoles ancestrales au Bénin et en Afrique. En effet l’agroécologie s’inspire plus des multiples techniques culturales transmises par des générations d’agriculteurs, tout en les perfectionnant. Au nombre de ces principes, on peut noter entre autres le recyclage des éléments nutritifs et de l’énergie sur place plutôt que l’utilisation d’intrants, l’intégration des cultures et de l’élevage, la diversification des espèces et des ressources génétiques des agroécosystèmes dans l’espace et le temps ; etc.
De ce fait, on peut en déduire que l’agroécologie n’est pas un modèle auquel les agriculteurs béninois sont totalement étrangers. Car certaines pratiques paysannes, traditionnelles ou indigènes, longtemps considérées comme archaïques et actuellement menacées par l’avancée du modèle agroindustriel, pourraient parfaitement intégrer le champ de l’agroécologie, Ce constat amène à s’interroger sur les raisons pour lesquelles, l’agroécologie n’est pas encore massivement adoptée comme le principale modèle agricole au détriment du modèle conventionnel. A l’analyse, trois défis méritent d’être relevés pour favoriser l’adoption massive de l’agroécologie par les productrices et producteurs.
Le tout premier défi est celui de la prise en compte de l’agroécologie dans les politiques agricoles. En effet, si de plus en plus les pouvoirs publics reconnaissent les avantages liés à l’agroécologie, toujours est-il que dans les documents de politique, la part belle est toujours faite à l’agriculture conventionnelle. Cela se traduit dans la pratique chaque année par l’importation d’intrants chimiques qui sont déversés dans les campagnes. Alors qu’aucun appui sérieux n’est prévu au budget national pour la promotion de l’agriculture agroécologique.

Le deuxième défi à trait à l’accessibilité des intrants naturels aux producteurs. La production, la disponibilité et l’accessibilité des intrants naturels de qualité sont des facteurs déterminants dans l’adoption massive de l’agroécologie. La fabrication du compost, par exemple, doit être largement diffusée. Il faut en plus encourager la mise sur marché d’intrants agroécologiques (fertilisants, pesticides, fongicides, semences).

Le troisième défi est celui de la professionnalisation des acteurs de l’agro-écologie. Au même titre que les producteurs du modèle conventionnel au profit de qui tout un dispositif national d’encadrement est mis en place, les agriculteurs qui évoluent dans l’agroécologie ont besoin de voir leurs compétences renforcées. C’est le gage pour la maîtrise des techniques agroécologiques et d’amélioration du niveau de productivité par l’hectare.

Tout en promouvant l’agriculture durable, l’agroécologie est porteuse d’un véritable projet de transformation sociale qui rend justice aux agriculteurs familiaux à condition des efforts soient fournis pour relever ces principaux défis.